La préparation des enfants avant l’entrée à l’école est essentielle. Cependant, nombreux sont ceux qui arrivent en maternelle avec des lacunes motrices fondamentales.
Les jeunes générations semblent de moins en moins autonomes, dès leur plus jeune âge. De plus en plus de professionnels de l’éducation pointent du doigt le manque d’apprentissage de l’autonomie à la maison, un aspect qu’ils estiment souvent insuffisant pendant les premiers mois de la vie d’un enfant. D’autres mettent en avant les difficultés que ces manques peuvent engendrer, notamment lors de l’entrée à l’école. Mais cette impression repose-t-elle sur des données statistiques fiables ou des recherches scientifiques sérieuses ?
Une étude récente apporte quelques réponses. Elle révèle que neuf parents sur dix jugent que leurs enfants sont prêts pour l’école, alors que pour les enseignants, en réalité, cela ne concerne qu’un enfant sur trois. Un des problèmes majeurs reste que de nombreux enfants arrivent à l’école encore en couche. Selon cette enquête, un sur quatre porte encore des couches au début de la maternelle. D’autres manques sont également soulignés : les enseignants font état de capacités motrices faibles chez certains enfants. Trop de petits ont des difficultés à monter un escalier tout seul, ce qui devient un réel problème selon la configuration de l’école. Et ce n’est pas tout.
Un autre geste simple, mais essentiel, est de moins en moins maîtrisé : 28 % des enfants ne savent pas utiliser un livre correctement, alors que 44 % des parents estiment que cette compétence devrait être acquise avant l’entrée à l’école. Il ne s’agit bien sûr pas de savoir lire, mais de tenir un livre et d’interagir avec lui. D’après le rapport, une bonne utilisation du livre se reconnaît par l’absence de gestes comme le fait de le faire glisser ou de tapoter dessus, comportements souvent associés à l’usage des appareils électroniques. Les enseignants expliquent ce retard par le temps excessif passé devant les écrans et le manque de lecture d’histoires par les parents.
De même, la prise en main d’un stylo pose problème : « Notre département de la petite enfance consacre désormais beaucoup de temps à apprendre aux enfants à tenir un crayon de manière stable et avec assez de force pour pouvoir écrire. Ce retard a un effet en chaîne sur leur progression dans le programme scolaire », déplore un enseignant auprès de l’agence de presse PA.
Cette étude a été réalisée auprès de 1034 membres du personnel scolaire britannique et 1009 parents d’enfants en âge scolaire, interrogés à la fin de l’année 2024 par l’institut Savanta pour la fondation Kindred. Selon la directrice de la fondation, Felicity Gillespie, « le rapport met en lumière un manque de soutien pour les enfants de la part de certains parents, bien que ces derniers aient évidemment à cœur le bien-être de leurs enfants. »
Elle ajoute que les parents eux-mêmes manquent de soutien et font face à de nombreuses pressions économiques et sociales. Elle estime qu’il est crucial de les accompagner afin qu’ils aient le temps nécessaire pour offrir cette « prestation essentielle » à leurs enfants. Tiffnie Harris, de l’Association des chefs d’établissements scolaires et universitaires, a pour sa part souligné que « cette étude montre un décalage préoccupant entre certains parents et les écoles sur ce que signifie réellement être prêt pour l’école. »